mercredi 12 janvier 2011

L'école américaine va mal

Les effets de la gestion scolaire par les résultats

Il y a quarante ans, le système éducatif des Etats-Unis était l’un des meilleurs du monde. Aujourd’hui, sur 30 pays développés, les Etats-Unis se classent à la 23ème place. L'enseignement secondaire va mal et la crise économique et sociale aggrave les inégalités.

Aux Etats-Unis, des milliers de jeunes (quelques 7000 lycéens) claquent quotidiennement la porte de leur lycée, sans diplôme. Il y a une cinquantaine d’années, cette statistique pouvait passer inaperçue. Mais l’époque pendant laquelle il était facile de trouver un emploi sans diplôme est révolue. Le chômage atteint les 10% dans un pays où les indemnités de chômage ne durent que quelques mois, où il n’existe ni RSA, ni RMI, ni assurance maladie, ni CMU. Ce chômage élevé se combine avec un nombre très important de ménages surendettés.

La très libérale loi scolaire lancée par le président Bush en 2002, "No child left behind" ("Aucun enfant ne sera laissé pour compte") n’a pas amélioré la scolarité des élèves. Le système éducatif des Etats-Unis est décentralisé. L’éducation relève des Etats fédérés et non de Washington. Sur les 3000 milliards de dollars de budget fédéral, 2 % seulement sont consacrés à l’éducation, le reste étant assuré par les Etats et les autorités locales (soit 90% du budget de l’éducation). Chaque Etat a sa propre politique éducative et il est très difficile pour le gouvernement fédéral de s’en mêler. Par ailleurs, le système éducatif reste marqué par les inégalités sociales et raciales.

En Arizona, les dégâts de la crise

Selon l’analyse d’un syndicaliste de l’Arizona Education Association, branche locale de la Nationale Education Association (NEA) - plus gros syndicat de l’Internationale de l’Education avec 3,2 millions d’adhérents -, la grave crise que traverse les Etats Unis affecte le fonctionnement des écoles. L’Arizona est l’Etat qui connaît la seconde plus forte croissance démographique des Etats-Unis. La crise a un fort impact sur les ressources. Il doit faire face à un déficit de près d’un milliards de dollars. Depuis janvier 2009, le gouvernement de l’Arizona a réduit de 735 millions de dollars son budget de l’éducation. Désormais, l’Arizona est devenu le 5ème Etat par rapport à la dépense engagée par élève, le 44ème Etat en ce qui concerne le salaire des enseignants, le 3ème Etat pour le plus grand nombre d’élèves par classe. Il a stoppé les constructions d’écoles. Aujourd’hui, les enseignants sont confrontés à des classes surchargées, des salaires bloqués, des cours supprimés, des licenciements.

Le 4 mars 2009, les adhérents des l’Arizona Education Association (AEA) ont organisé une manifestation qui a réuni plus de 10 000 personnes. Le gouverneur de l’Arizona a attaqué en justice l’AEA et ses enseignants pour avoir, selon lui, outrepassé leurs droits. Beaucoup d’enseignants expérimentés ont perdu leur travail ou ont dû quitter l’Etat. Les premières victimes sont les élèves. Pour l’AEA, un choix doit être rapidement fait : "investir dans l’éducation, dans l’intérêt des élèves et des éducateurs."

Education et développement économique

Les experts américains commencent à mesurer l’impact de la crise de l’éducation sur le développement économique. Jusqu’à présent, la mauvaise qualité des écoles était compensée par un terrain économique favorable, mais la crise du système éducatif peut, sur le long terme, affecter la compétitivité et la croissance.

Pour les Etats-Unis, la priorité serait de retrouver au plus vite un bon niveau scolaire dans l’enseignement secondaire où ils occupent les dernières places de l’enquête internationale PISA. Il en est de même pour l’enseignement supérieur qui n’est plus attractif pour les "cerveaux" du monde entier comme il le fut. Une étude approfondie indique que seulement 40,4 % des jeunes âgés de 25 à 34 ans sont titulaires d’un diplôme d’enseignement supérieur, bien loin derrière la Corée du Sud, la Russie, l’Irlande ou la France.

La croissance d’une économie moderne exige des travailleurs hautement qualifiés dans les domaines de l’innovation, de la recherche ou pour améliorer les services. "Dans ce contexte difficile, l’éducation doit bénéficier d’une vraie politique volontariste qui doit être élaborée en concertation avec les éducateurs" indique Dennis Van Rockel, le président de la NEA.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire